4 Pôles de dégustation, 16vins et 16 fromages en accords. Lors de cette soirée, vous aurez l'opportunité de déguster...
Catégories
Derniers articles
-
Soirée Vins et Fromages - Vendredi 21 février - 20hLire la suite ...
-
Raclette Party - Samedi 8 février - 12hh30Lire la suite ...
On se retrouve en extérieur pour une dégustation de différentes raclettes soigneusement sélectionnées par la...
1984- 1994 : Chapitre 9
1984 - On commence avec l’année 1984, l’année du Bac Eco pour Rénald. Cette même année, Roger développe de plus en plus l’activité d’initiation au goût à travers différents salons, petits et grands, entre Paris, Annecy, Saint-Martin et Thônes. Les ambassadeurs du bon et du vrai ne sont jamais très loin, Pierre Coste, Georges Pertuiset, Michel Jobart et bien évidemment Marc Veyrat sont très souvent de l’aventure et cette notion de transmettre et d’initier occupe de plus en plus les esprits du paternel. Initiatique aussi, ce mois de septembre sera, pour Rénald qui effectuera ses premières vendanges à Crépy, au Domaine Métral. Bac en poche, il prend la direction de l’IUT d’Annecy pour y étudier en filière « Technique de Commercialisation », ou « TC » pour les initiés, avec un directeur d’étude nommé « Heidsieck », on n’échappe pas à sa destinée viticole.
1984 - 1986 - Pour Rénald, les deux années qui vont s’écouler à l’IUT d’Annecy vont être les fondations des quarante qui vont suivre. Il va y apprendre les techniques de commercialisation, certes, mais surtout y rencontrer sa future femme, Laure, et aussi l’un de ses meilleurs amis, Laurent. En TC, il y avait également ce principe fédérateur de projet collaboratif axé sur l’entreprenariat, à cette occasion, Rénald, Laurent et Philippe, organisaient une conférence sur le Libellule, à Annecy, avec comme duo d’orateur, Michel Barnier et Jean-Claude Killy et dont le thème était les enjeux & les retombées économiques, en cas d’obtention des JO 92 pour Albertville. Pas de meilleure façon de rencontrer tout ce que la Haute-Savoie comptait de politiques et d’entrepreneurs, ils étaient tous là, présents sur ce bateau-conférence, parti en direction d’un accostage prévu 6 ans plus tard. C’était un moment d’anthologie gravé à jamais dans l’esprit de la famille et dans celui de ce duo d’orateurs qui ne manquera pas d’inviter alors le trio d’élèves, à Lausanne, le 17 octobre 1986, pour suivre les délibérations du Comité Olympique. A 13h29 précisément, le président du COJO, en la personne de Juan Antonio Samaranch, découvrant le nom de la ville retenue, affichait un large sourire aux caméras avant de prononcer le célébrissime « Al - Bert - Ville ! » provocant une onde de choc, de joie et de fierté tant locale que nationale. Jamais nous n’oublierons cet accent espagnol, qui nous a tant fait plaisir.
De plaisir il en est question également aux Vins Duvernay, Roger et Roland font ce double pari qui va s’avérer gagnant, de petits vins basés sur le fruit & la convivialité d’un côté (faisant la part-belle à la bistronomie) et le développement assumé d’une sélection exigeante de Vins Fins de l’autre, (satisfaisant ainsi une grande restauration, en plein essor dans la région). Roger, comme Rénald, partage cette appétence pour l’organisation et les beaux événements. Sur invitation de Marc Veyrat, voilà le paternel parti pour représenter la Savoie (et la Suisse) au Salon du Goût à Paris. Pour ce genre de mission, il s’agit de partir armé, en mettant un maximum de chance de son côté. Pour se faire, Marc Veyrat et Roger sollicitent Mobalpa qui prête gracieusement tout le mobilier, le stand se doit d’être le plus beau du Salon, évidemment. Et il est nécessaire d’avoir un team, une task force, un commando pour monter à la Capitale, ce sera Albert Belluard avec son Ayze et Michel Grisart avec sa Mondeuse, un souvenir inoubliable.
1986 - 1989 – Son DUT en poche, Rénald prend la direction de Suze la Rousse pour 18 mois de formation à l’Université du Vin en vue de l’obtention d’Un DTA (Diplôme en Technologie Approfondie) en gestion et marketing du secteur Viti-vinicole. Scolarité ponctuée par un stage chez Vin Union à Genève. Roger et Roland, qui pouvaient compter sur un magasin de détail (activité annexe à l’activité de pro), à Annemasse, doivent faire face à la démission soudaine de leur gérant, à quelques semaines de Noël seulement. Impensable de se passer du chiffre d’affaires que représente les fêtes de fin d’année. En toute hâte, décision est prise de rafraichir ce commerce (qui en avait très sérieusement besoin) de l’équiper de nouveaux rayonnages efficaces, d’outils d’encaissement et de gestion dernier cri et d’une nouvelle équipe composée des épouses de Roger et Roland : Françoise et Beatrice ainsi que l’épouse d’André Seifert (le directeur du personnel des Caves du Chatelet) Annie. Ce qui ne devait être qu’une solution temporaire durera en réalité 3 années, durant lesquelles le magasin se renforcera, impliquant à tour de rôle, les enfants d’Annie et de Françoise : Valérie, Rénald, Christophe, Olivier et Raphaël pour de nombreux réassorts, mises en rayon et vente. Ce sera également le début d’un ancrage solide dans le quartier de l’Eglise Saint-André qui peut encore compter aujourd’hui avec le magasin Vins Duvernay de la rue Charles Dupraz. C’est d’ailleurs l’un des clients fidèles de ce magasin, un expatrié français à New-York, nommé Raymond des Alpes, qui, au détour d’une discussion avec Françoise, proposera d’héberger gracieusement Rénald & Laure dans le quartier du Queens durant plusieurs jours. En effet, le jeune couple séjournait 5 mois aux USA avec en ligne de mire, de l’hôtellerie dans le Vermont et de l’œnotourisme en Napa Valley histoire de célébrer la fin de leurs études et d’offrir un sas de découverte et de liberté à Rénald avant de faire son service militaire au 27ème BCA.
De son côté Roger va vivre, et il ne le sait pas encore, l’une des meilleures périodes de sa vie professionnelles. Ses talents de dégustateur, sa gentillesse et sa droiture lui ouvrent les portes de l’expertise tout azimut. En premier lieux, au sein de la Maison de Savoie pour l’obtention des Labels qualité. Impartial, rigoureux et véritable pygmalion d’une génération de vignerons appréciant son exigence et sa probité, Roger réussit à mettre en place des méthodes, de dégustation à l’aveugle, obligeant l’ensemble des vignerons à gouter et comparer leurs vins à ceux des voisins, les poussant à faire chaque jour mieux et défendre ainsi les valeurs du terroir savoyard. En second lieux, une mission d’expertise avec l’INRA avec le suivi de recherches de greffes notamment. En enfin avec les tribunaux, où il aura la charge de résoudre des litiges dont les enjeux financiers étaient colossaux. Imaginez lorsqu’il faut déterminer l’origine et les tords d’une mise en bouteilles débouchant sur l’ensemble des vins impropres à la consommation. Qui du vigneron, du fournisseur de bouchons, du chargé de la chaine d’embouteillage, de la vaisselle vinaire ou du maitre de chais endossera la responsabilité du naufrage commerciale ? Roger, plus grand fan de Colombo devant l’éternel, appréciera, 3 années durant, mener l’enquête accompagné parfois par son fidèle compagnon d’expertise, Georges Pertuiset. Un peu Indiana Jones aussi, notamment lorsque Georges et lui sont inviter, en Chartreuse, à pousser la porte d’une cave, demeurée dans l’obscurité prêt d’un siècle. Pour une question de succession et d’héritage, ils doivent déterminer la valeur de bouteilles où les étiquettes se disloquent à la moindre manutention, où loupes et pinceau sont nécessaire pour déterminer la région, la maison, l’année. Ici un Château Margaux, un Hermitage, là une facture sur un bureau avec la plume encore dans l’encrier comme si la vie s’était figée soudainement il y 100 ans.
1990 - 1994 - Tout s’accélère, converge et la collision devient imminente. Les Vins Duvernay sont rachetés par Vins Union Genève qui voit dans l’entreprise savoyarde un accès providentielle au marché de la restauration savoyarde. Le rapprochement avait été rendu possible par Rénald, qui après y avoir fait son stage , y avait travaillait quelques mois auparavant, avant de se faire débaucher par l’antenne locale du groupe France Boisson en qualité de Responsable Commercial Pays de Savoie, société de distribution de bières et de boissons sucrées pour la restauration. Ce même France Boisson se rapproche alors des Caves du Chatelet, un nouvel outil de travail voit le jour, les deux entreprises quittent leurs locaux respectifs et viennent s’installer, côté à côte, dans la zone de l’aérodrome d’Annemasse. L’idée est simple et logique, partageant, pour ainsi dire, la même clientèle, les deux entreprises envisagent de réaliser des économies en mutualisant livreurs, camions et représentants. Ce qui se voulait être une bonne idée va sceller le destin sinistre de Roger et l’envol de Rénald. Tous s’accélèrent très vite, Vin Union Genève fait faillite, le rachat des Caves du Chatelet s’étant fait avec des comptes de gestion truqués, l’entreprise n’était pas solvable. Mais le mal est fait, Les Caves du Chatelet n’ont plus leur destin en main, le représentant local de France Boisson rachète les Caves du Chatelet, pour le franc symbolique, et malgré une amitié transgénérationnelle, licencie soudainement Roger. Rénald, qui travaille alors chez France Boisson avait pourtant essayé de prévenir son père de bruits de couloir menant fatalement à son licenciement, mais Roger refusait de l’entendre. Voilà les deux destins à présents scellés, l’histoire d’une transition qui ne se déroule pas du tout comme escomptée ; une transition violente, déshumanisée et qui laisse Roger sonné comme un boxeur, un genou à terre. Mais faut-il garder de l’aigreur, doit-on entretenir des antagonismes, un désir quelconque de réparation pour le mal qui a été fait ce jour-là ? La meilleure réponse fut celle de Rénald, une réaction Ô combien chevaleresque et positive, ne pouvant couvrir un parricide, Rénald donne sa démission le jour-même et décide de voler de ses propres ailes, apportant à sa façon, tous le soutien et l’amour dont Roger fut soudainement privé au sein de sa propre entreprise.
La logique d’un montage alterné, c’est d’arriver inévitablement à réunir deux trajectoires distinctes pour en écrire une nouvelle commune, une voie faites des liens indéfectibles d’amour et de respect que rien ne peut séparer, mais ça, ce sera dans le prochain épisode.