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1934 - 1944 : Chapitre 4
René travaille aux côtés de son père, Louis, depuis son retour du service militaire. Il fréquente la belle Simone Bossus de Cervens, fraichement diplômée des cours Pigier de Thonon pour mieux accompagner son homme au secrétariat et à la comptabilité des Vins Duvernay. Tout semble sur des rails pour pérenniser l'entreprise, une collaboration père et fils se met en place, et même si l'instinct et les débordements de Louis ne cohabitent pas toujours bien avec l'ordre et la discipline de René, les Vins Duvernay évoluent et s'étoffent.
1938 sera une année charnière, et façonnera, d'une certaine façon, le caractère affirmé de la maison. Mariés depuis un an, René et Simone sont aux anges à la naissance de Roland, mais ce bonheur sera de courte durée. Lors d'une manœuvre hasardeuse, un tonneau roule et coince la jambe de René contre un mur. Malgré les tentatives pour soigner ce genou, la plaie s'infecte et vire en Sarcome osseux. René est emporté d'urgence à l'Hôpital Cantonal de Genève, où on pense qu'il ne survivra pas. A son réveil, il constate qu'on lui a coupé la jambe, pire, on la lui a déhanchée pour éviter que la gangrène ne se transmette à tout le corps.
"Regarde maman ce qu'ils ont fait de moi !"
Si René comprend que le professeur Patry vient de lui sauver la vie en lui coupant la jambe, il n'en est pas de même pour Eulalie, sa mère, qui ne se relèvera jamais de cette amputation et mourra de chagrin dans les mois qui suivirent. Louis, l'amoureux transis, basculera dès lors et de façon irrémédiable dans une dépression qui n'aura d'éclaircie que les incessantes visites au cimetière où il continuera "d'échanger" avec sa douce. Le cœur en miettes, il n'y a plus grand chose à aiguiser et à affuter chez Louis, son instinct est parti avec sa moitié... seuls les couteaux l'intéressent à présent et sa renommée, tant en fabrication qu'en entretien, n'est plus à faire. On trouvera pendant de nombreuses années certaines de ces lames d'acier chez les bouchers du Chablais.
Nous retrouvons René, désormais unijambiste mais doté d'une jambe artificielle articulée dernier cri, mélange de cuir et de bois, tout droit sortie de l'univers de Tim Burton dans Edouard aux mains d'Argent. Cette jambe il ne la portera jamais.
"Je ne porterai jamais un bout de bois mort au cul !"
René, il aimait les tournures de phrases fleuries.
La guerre arrive et, ne pouvant être mobilisé, René, désormais seul à la tête des Vins Duvernay, trouvera le moyen de se rendre utile... les tonneaux ça peut transporter autre chose que du vin.
1940, enfin un premier rayon de soleil, avec la naissance du P'tit Dudu, Roger, le cadet, puis en 1942, Jocelyne la benjamine. Les 3 enfants ont été mis au monde par ce même professeur Patry devenu au fil du temps l'ami de René. Un jour, Simone porte secours à une femme blessée dans un accident de la route et l'amène aussitôt à l'hôpital de Thonon ... Karma ou chance, quelques semaines plus tard, René est arrêté par des miliciens. Il est placé en cellule, à l'hôtel de Savoie, à Thonon, devenu le siège de la milice, son chef reconnait alors le nom de famille
"René Duvernay... C'est votre épouse Simone ?"
Croyez-le ou non, la femme trouvée et secourue quelques semaines plus tôt était sa femme. Le chef de la milice proposera alors à René, de le libérer, ce-dernier n'acceptera qu'à la condition que la cellule entière soit libérée, ce sera chose faite, et nous, on kiffe le grand-père pour ça ! Dans le maquis, les combattants savoyards, survivants des Glières ne fêteront l'armistice qu'en 1946, puisqu'ils continueront les combats jusqu'en Allemagne, faisant la fierté des savoyards. Durant toute sa vie, René ne parlera jamais de la guerre à ses enfants et ce n'est qu'à son enterrement, en 1972, en écoutant les éloges funéraires d'anciens résistants, qu'ils réaliseront que leur paternel (avec la complicité accrue de Simone) avait su se rendre utile en toute « discrétion », chose cocasse lorsqu'on sait que la discrétion n'était pas le fort du Grand-Père, mais ça, ce sera dans le prochain épisode !